#0863 sometimes it's better to react with no reaction ∝ Austin

Summertime Sadness

Un sursaut arracha Jamie aux bras de Morphée. Depuis son emménagement il y a près d’un mois, la jeune entrepreneuse avait l’impression que son aura demeurait constamment au garde à vous. Etait-ce dû aux ondes qu’abritaient encore cette modique maison ou bien à un petit jeu mené par la providence ? Pour ne pas troubler ce réveil pour le moins agité, Jamie préféra accuser le hasard mesquin dans l’ultime espoir d’apaiser son âme. Ses rêves n’étaient que flashs et martellement d’informations, plus incohérentes les unes des autres. Le temps d’un instant, alors que son regard se porta vers le visage endormi de son fiancé, elle remit en cause cette toute nouvelle installation. Terrorisée à l’idée d’arpenter la même trajectoire que sa grand-mère, elle n’arrivait pas à trouver le réconfort dont elle manquait auprès de son futur époux. Tristement, elle observa les murs ternes et abimés de cette seule chambre qui était encore hypothétiquement potable. Non, la décision était sienne et il n’y avait plus de retour en arrière. Doucement, elle s’extirpa de ses draps humides pour se diriger à pas de loup vers la salle de bain. Une bonne douche salvatrice panserait très certainement ses peines en ce lundi matin. Sans cesse, elle observait les murs et les sols en quête de concepts nouveaux. L’idée était de rénover cette vieille baraque, de la moderniser dans un sens mais de garder ce cachet qui la rendait unique. Un travail de titan l’attendait car cette maison tombait en ruine au fil des jours et il en devenait presque angoissant d’y vivre au quotidien. Par chance, l’entreprise Hamilton allait rapidement faire un état des lieux et, éventuellement, les travaux pourraient commencer aussitôt. Vaquant à ses pensées, elle dut facilement passer une quinzaine de minutes sous l’eau brulante avant de relâcher un pommeau de douche usé par le temps. Un peignoir vint alors recouvrir son corps dénudé alors que ses jambes la menèrent à la cuisine, le temps d’allumer la machine à café. A peine eut-elle le temps d’appuyer sur le bouton « marche » que les fusibles disjonctèrent presque aussitôt. « Génial... »

Trainant des pieds jusqu’à la chambre, Jamie trouva son fiancé adossé à la tête de lit, manifestement plongé dans ses mails professionnels. « Bonjour chérie. Je vais devoir repartir en ville en fin de matinée. Tu es sûre que tu n’as pas envie de venir avec moi ? L’air de Seattle te ferait du bien. » Son ton de moraliste eut le don de déplaire à la blondinette qui rétorqua aussitôt : « Je ne suis pas venue ici pour repartir aussitôt arrivée. » Elle s’avança vers son fiancé encore allongé, visiblement déterminée à soutenir son regard coûte que coûte. Jamie n’était pas dupe et voyait clairement dans ce petit jeu mesquin mais il était hors de question qu’il gagne cette bataille. En signe de rédemption, Jack l’attira près de lui et dénoua l’attache de son peignoir. Evidemment, le câlin du début de semaine... Cette fois plus qu’une autre, elle se laissa faire, presque résignée à cette idée. Etrange. Alors qu’il parsemait quelques baisers sur son cou, Jamie se surprit à avoir un flash où elle pouvait entrapercevoir l’entête « Hamilton » sur un panneau. Cette perspective se muta très vite en une forêt baignée dans l’obscurité, illuminée par quelques parcelles écarlates. A la manière d’une caméra embarquée, elle aperçut un tronc d’arbre vertigineux et... Sans crier garde, l’entrepreneuse repoussa son fiancé et se couvrit de son peignoir. « Ils ne vont pas tarder à arriver les... enfin l’entreprise de rénovation. » En moins de temps qu’il n’en fallut pour crier ouf, elle entendit des roues s’engager sur l’avenue terreuse. « Tu veux bien aller les accueillir ? J’arrive dans une minute. » Elle déposa un chaste baiser sur ses lèvres en l’entrainant vers la porte. Une fois seule et pour le moins sonnée, elle s’adossa à un mur en tâchant de remettre en ordre ce puzzle. Pourquoi ça ? Pourquoi ce jour-ci ? Pourquoi maintenant ? Il n’y avait aucun lien logique et, pour cause, Jamie dut se résoudre à remettre cette équation à plus tard. Enfilant un simple tee-shirt, une chemise à carreau et un jean, elle descendit rapidement les escaliers en faisant attention de ne pas trébucher sur les lattes abimées. Prise de court en entendant les deux voix se rapprocher, elle saisit sa paire de bottes à toute vitesse. Tout en remontant la fermeture éclair de sa chaussure, la blondinette se cogna au buffet  en chaine massif au même moment où la porte d’entrée s’ouvrit : « Saleté de fils de... » « Chérie, je te présente Austin...Hamilton. » Son fiancé fut tout autant mal à l’aise qu’elle par cette maladresse qui lui était pourtant innée. Retenant son genou entre ses doigts, Jamie croisa enfin le regard de son interlocuteur. Impossible. La destinée avait-elle décidé de s’acharner sur son pauvre sort d’humaine ? Ainsi les flashs, ce pressentiment, ces ondes...Tout redevenait cohérent. Quelques secondes passèrent avant qu’elle ne se décide à se redresser, affrontant l’idée que son béguin de jeunesse allait exécuter d’innombrables travaux chez elle. « Evidemment... Bonjour. » C’est alors qu’elle s’avança pour mieux saisir sa main en guise de présentation. Elle croisa le regard interloqué de son futur époux qui sembla surpris qu’elle ne se présente pas face à leur invité. Bien sur qu’il l’avait reconnue.